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Bezannes-leblog

9 octobre 2015

LE PEINTRE ET LE MAIRE

 

 

                                               ou « De l’Art de la pommade », par G. Delenclos.

 

            Comparaison n’est pas raison, dit la sagesse populaire. Et c’est bien l’impression que l’on ressent à la lecture de ce petit exercice hallucinant de flatterie avilissante paru dans Reflets actuels n° 65, qui ne craint pas le ridicule de comparer le docile valet de l’intercommunalité, maire de Bezannes, au peintre Salvador Dali. Voilà un rapprochement pour le moins surréaliste !... À moins que Gérard Delenclos, le zélé thuriféraire de FR 3, ne songe à Avida Dollars, l’anagramme savoureuse forgée par André Breton pour brocarder l’artiste aux motivations souvent aussi peu artistiques que désintéressées.    

      

photo B

 

         L’opportunisme semble bien être en effet le seul point commun qu’on puisse trouver entre le peintre et le maire. Si le premier a pu être fou du chocolat Lanvin, le second semble plutôt lui préférer le bardage et le béton armé, qui défigurent une ZAC dont Bezannesleblog a déjà dit tout le mal qu’on pouvait en penser. Et pour ce qui est des « fantômes de l’opposition » évoqués par l’article susnommé, nous remercions M. Delenclos de leur prêter généreusement des sentiments qui leur sont totalement étrangers, qu’il s’agisse de la crainte, ou de l’attitude d’ « ennemis ». On peut être opposant au maire sans être son ennemi, et ce langage belliqueux n’a jamais été celui de Bezannesleblog. Il est vrai que la nuance est un paramètre peu familier à certains journalistes. Et si M. Delenclos n’a pas compris pourquoi il n’y a pas eu de 2ème liste aux dernières élections, nous lui conseillons de se reporter à l’article de Bezannesleblog paru le 14 mars 2014, bref de faire son boulot de journaliste.

         C’est à cette condition que l’article de M. Gérard Delenclos peut mériter de figurer dans une rubrique fort imprudemment désignée par le terme de SAVOIR… Quant au sous-titre de « Portrait », on aura vite compris que celui de « flagornerie » est infiniment plus pertinent. Car pour ce qui est des « sentences » (sic) appliquées à M. Belfie - il faudrait que M. Delenclos fréquente plus assidûment les dictionnaires - il ne s’agit que d’une simple énumération d’adjectifs dégoulinant d’obséquiosité  la plus grossière agencés façon inventaire à la Prévert, et sans rapport avec la réalité du pouvoir exercé par le maire de Bezannes. Car il est de notoriété publique - mais apparemment pas de celle de M. Delenclos - que l’avenir de Bezannes se décide davantage à l’occasion de parties de chasse à 4000 € annuels pratiquées dans l’entre soi d’un petit cercle de gens fortunés (voir l’article du 6 décembre 2012 du magazine Le Point) plutôt qu’au sein du Conseil municipal où Monsieur le maire de Bezannes, « atypique, gouailleur, pugnace, etc. », pratique la rétention d’information avec une constance qui n’a d’égale que son mépris des électeurs. ( Rappelons qu’il a été élu avec moins de la moitié des électeurs de Bezannes).

         Pour notre part, moyennement séduits par l’exercice de léchage de botte, nous continuons à revendiquer la liberté de blâmer, sans laquelle, comme chacun sait, il n’est point d’éloge flatteur…

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25 mars 2015

MIROIR AUX ALOUETTES

                

 

         L’alliance de mots, plus souvent désignée sous son appellation savante d’oxymore, est une figure de style qui consiste à rapprocher, dans un paradoxe apparent, deux termes dont les significations s’excluent ordinairement l’une l’autre, comme dans l’expression devenue un lieu commun : « un silence assourdissant ». L’exemple littéraire le plus célèbre est sans doute le vers tiré du Cid de Corneille : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (…) IV,3.

         Cette figure de style n’a de véritable intérêt que lorsque sa nouveauté surprend le lecteur et l’invite à la réflexion, mais elle dégénère assez souvent en cliché et en stéréotype du genre « petit par la taille, mais grand par l’esprit ». Les fils de pub, fort immodestement autoproclamés « créatifs », usent et abusent de ce procédé qu’on voit se dégrader en cessant de chercher à exprimer l’indicible pour préférer faire prendre au consommateur des vessies pour des lanternes. De « La douce violence d’un parfum d’hommes » de chez Laroche à « La petite géante » de chez Volkswagen, les exemples sont légion de cette mentalité boutiquière, véritable miroir aux alouettes dont les fleurs de la rhétorique ne servent plus qu’ une ambition consumériste appuyée sur un discours manipulateur .

         On ne s’étonnera pas de retrouver cette tendance chez ceux qui tentent de nous vendre la ZAC de Bezannes en recourant à cette pratique dégénérée de l’oxymore. C’est ainsi que l’on eut le parc « technico-aquatique » de la Roselière, audacieux compromis entre les nécessités de l’évacuation des eaux pluviales et les loisirs de la promenade bucolique, vite menacé par la voracité des lotisseurs. L’on eut aussi, dans la pure logique de la rhétorique mensongère du « capitalisme à visage humain », un golf « social », sans doute ainsi dénommé parce que réservé aux résidents des HLM…

        

         Et voici que l’empire Bouygues, se souvenant sans doute du conseil que l’humoriste Alphonse Allais prodiguait aux promoteurs de la fin du XIXème siècle :  « Les villes devraient être bâties à la campagne, l’air y est tellement plus pur. », nous propose « L’esprit village en cœur de ville », au cœur du village, afin d’allécher les gogos en leur faisant miroiter des produits parés des oripeaux de la campagne. Cette proposition idyllique appelle un double démenti:

- Non, les 170 ha de terres agricoles livrées par les élus à la boulimie des sociétés immobilières n’ont strictement rien à voir avec l’esprit village qu’ils contribuent au contraire à détruire.

- Non, ces 170 ha ne sont pas le cœur du village, en dépit des touchantes, mais dérisoires tentatives du maire pour faire coïncider le présent avec la préhistoire, mais une excroissance parasitaire qui dénature le village historique de Bezannes.

         Si les alouettes ont déserté le ciel bezannais, le miroir du même nom semble promis à un brillant avenir…

28 janvier 2015

VŒUX DU MAIRE 2015 : LE CHANGEMENT, C’EST PAS POUR MAINTENANT

 

       En dépit des quelques flagorneries d’usage émanant de quelques invités privilégiés, les vœux pour l’année 2015 furent tout à fait conformes à la personnalité transparente du maire, plus à l’aise dans l’esbroufe voyeuriste d’un mauvais numéro de bonimenteur de foire que dans l’explication de la gestion transversale des services dans laquelle son cafouillage, soigneusement occulté par le reportage de FR3, révéla s’il en était besoin son amateurisme et son manque de pratique en la matière, contrastant de façon saisissante avec l’aisance dont il fait preuve dans son exercice de petit attaché commercial condamné à refaire indéfiniment la retape nauséeuse pour un désastre environnemental appelé ZAC.

       Rien donc que de très attendu et de très convenu dans ces vœux de 2015, sinon la surenchère assumée de l’insignifiance promotionnelle promue à la dignité de spectacle audiovisuel.

       Et c’est comme ça, très souvent hélas, ailleurs…

 

             

NEZ ROUGE       «   Chez Jean-Pierre Belfie, le clown pointe derrière le sage. »    Bertrand Lasseguette, FR3

 

 

http://france3-regions.francetvinfo.fr/champagne-ardenne/emissions/ici-et-pas-ailleurs

 

8 janvier 2015

je suis charlie

Capture d’écran 2015-01-09 à 18

6 janvier 2015

UNE ZAP À BEZANNES

 

         Encore heureux que le ridicule ne tue pas, car il faudrait aujourd’hui déplorer la disparition tragi-comique du maire de Bezannes, victime d’un usage contorsionniste de l’art du syllogisme. Commentant en effet pour le dernier numéro de la Gazette les résultats des travaux des archéologues relatifs aux fouilles préventives réalisées sur l’emplacement de la ZAC, monsieur le Maire nous livre cette sentence définitive : « Si les gens ont habité là, c’est qu’ils s’y sentaient bien. L’aménagement de nouveaux logements sur ce secteur est cohérent. C’est bien sur le passé que l’on crée le futur. »

         Soit le vertigineux syllogisme sous-jacent :

a)   Tous les lieux occupés par les hommes témoignent de leur bien-être. ( Prémisse majeure )

b)    L’emplacement de la ZAC a été occupé par les hommes dans les temps les plus anciens. ( Prémisse mineure )

c)    La ZAC est un lieu de bien-être. ( Conclusion ) CQFD

 

          Et monsieur le Maire de poursuivre, pour remercier la responsable du service archéologique de Reims Métropole : « Il n’y a pas eu de perte de temps ! », démentant ainsi l’impatience, voire l’exaspération perceptible dans le titre de l’article : L’archéologie dit enfin son dernier mot ! Ouf ! Il était temps ! À quand une loi de simplification des procédures qui cesse d’emmerder les bétonneurs ?

          Ça fait quand même plus de 5000 ans que Bezannes attendait sa ZAC, dans le prolongement logique de l’antique ZAP, Zone d’Aménagement Préhistorique !...

         C’est bien à ça qu’on reconnaît notre bon maire : il ose tout, pour justifier l’injustifiable.

         Ne doutons pas que les Grecs auraient vite fait de surmonter leurs difficultés si monsieur le Maire daignait aller s’y faire voir et proposer une ZAC salutaire sur l’emplacement de l’Acropole…

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15 décembre 2014

« LES ENTREPRISES DU BTP SONT HEUREUSES » (suite)

 

 

         On ne rappellera d’abord jamais assez que celui qui se réjouit aujourd’hui bruyamment de l’exemplarité du projet de la ZAC dans ce numéro du mois d’octobre de Reims métropole est arrivé aux responsabilités en trompant ses électeurs, auxquels il avait promis en 1995, s’il était élu maire, de tout mettre en œuvre pour empêcher l’implantation de la gare TGV sur la commune de Bezannes… ce qui ne l’empêcha pas de plastronner quelques années plus tard lors de l’inauguration de cette même gare d’interconnexion !

         Dans le prolongement de la gare fut projeté l’aménagement de la ZAC, imposé autoritairement sans tenir compte de l’avis des Bezannais. Il s’ensuivit une modification du POS et une consultation purement formelle des habitants, qui recueillit 160 signatures opposées au projet (contre seulement 13 qui lui étaient favorables…) sans entraîner la moindre rectification du projet. Vous avez dit « aménagement concerté » ?

         Ce sont ainsi 170 ha de terres agricoles qui furent sacrifiées sur l’autel en béton armé des promoteurs immobiliers. Chaque année disparaissent de la sorte en France 75 000 ha de terres agricoles (voir à ce sujet le livre remarquable de l’architecte David Mangin, La Ville franchisée). Mais qu’importent la défiguration du paysage et le désastre écologique engendrées par cette frénésie immobilière, pourvu qu’elles fassent prospérer la spéculation ?

         Loin de rejeter la totalité de ce qui a été entrepris à Bezannes (l’implantation de la société Yanmar, par exemple, créatrice de 30 emplois, ou bien encore celle de la clinique vétérinaire, de la crèche  ou de la société Entendre, sont plutôt les bienvenues), c’est la démesure d’un projet qui ne concerne en rien l’intérêt des Bezannais que nous mettons en cause, et une spéculation financière qui ne profite qu’au monde opaque des sociétés immobilières et de ce qui gravite autour d’elles.

         Pour imposer le projet de la ZAC et le faire adopter par le Conseil municipal, on avait ainsi promis la création de 9000 emplois. Mais la réalité est très éloignée de ces promesses, et l’essentiel de ces emplois ne sont en vérité que des transferts d’un endroit à un autre, les responsables se gardant bien de fournir les vrais chiffres. Aménagement concerté, disiez-vous ?

         Le dossier de Reims métropole se montre par ailleurs d’une étonnante discrétion sur les échecs cuisants du projet de la ZAC. Pour n’en évoquer que quelques-uns, nous parlerons de deux implantations majeures qui ne verront pas le jour : celle de l’hippodrome de Reims, et celle du siège du Crédit Agricole, pourtant présentée comme un projet phare. Quant à celle de la Polyclinique pharaonique, il n’est pas totalement assuré qu’elle ait lieu, tant sont vives les réticences d’une partie non négligeable du corps médical, bien conscient que cette folie va lui ôter la maîtrise de son outil de travail, et bien décidé à rester à Reims.

         Que dire enfin de l’architecture exemplaire et des aménagements paysagers paradisiaques que les bureaux d’études faisaient miroiter ? À quelques trop rares exemples près, les constructions présentent l’aspect de cubes d’une monotonie désespérante, degré zéro de l’imagination en matière d’architecture, et dont la couleur noire uniforme, pour certaines, accentue encore, si cela est possible, la laideur repoussante. Une ceinture verte devait bien faire rempart à l’agglomération rémoise, avec notamment la réalisation d’un ambitieux parc aquatique : de tout cela il ne reste plus qu’un pauvre ouvrage technique, pour reprendre la terminologie du maire, triste rectangle coincé entre des lotissements dont le développement n’est pas plus maîtrisé que le reste, et pompeusement dénommé « Parc de la Roselière ». Jamais l’incantation magique des mots n’aura été aussi inopérante.

                       

                                                                              

                                                                           Sans titre3             Sans titre4

        

         Qui peut encore dans ces conditions se réjouir de ces métastases périurbaines qui saturent le territoire de Bezannes et qu’on voudrait faire passer pour de l’aménagement concerté ?

         Monsieur le maire nous fournit la réponse : (…) les entreprises du BTP sont heureuses (...) L’argument pourrait revêtir quelque apparence de pertinence, encore qu’il n’entre pas dans les attributions d’un maire de jouer les sauveteurs des boîtes de BTP, mais il est surtout totalement fallacieux. Nous réaffirmons ici avec force que le chantier de la ZAC n’est rien d’autre qu’une vaste entreprise de spéculation foncière qui n’a rien à voir avec l’intérêt des habitants. Et si l’on veut donner du travail aux entreprises du BTP, il faut savoir qu’il existe un gigantesque chantier relatif à la transition énergétique et à la rénovation thermique des bâtiments, de quoi fournir du travail aux entreprises pour les 20 ans à venir et créer 6 millions d’emplois à l’échelle de l’Europe, soit environ un million pour la France. Il est vrai que cette opération n’est pas spéculative, et n’intéresse donc pas le monde de la finance, obsédé par des taux de rendement supérieurs à deux chiffres…

12 décembre 2014

« LES ENTREPRISES DU BTP SONT HEUREUSES »

 

         Dans son numéro du mois d’octobre, le magazine de l’agglomération Reims Métropole consacre à notre village de Bezannes un dossier de six pages dans lequel un concert de louanges vient saluer le chantier de la ZAC, une Zone d’Aménagement Concerté dont l’impropriété patente du dernier terme nous faisait préférer l’appellation, plus proche de la réalité, de Zone d’Aménagement Calamiteuse.

         Dans ce concert d’autosatisfaction béate proclamant l’avènement du meilleur des mondes possibles, Monsieur le Maire de Bezannes ne pouvait manquer d’apporter sa contribution en faisant entendre sa petite note parfaitement accordée à la musique du Reims Metropolitan Orchestra.

         Cependant, comme souvent chez notre bon maire, le poids du non-dit est d’une telle charge qu’il ne parvient pas totalement à lui imposer silence, si bien que ce qu’on préfèrerait taire finit par entrer par effraction au détour d’un propos qui se voulait lénifiant. C’est ainsi qu’on peut lire dans l’encadré consacré à notre premier magistrat : « (…) les entreprises du BTP sont heureuses (…) », … et monsieur le maire est comblé, a-t-on envie d’ajouter. Soyons pourtant honnêtes et reconnaissons que notre citation, tronquée, doit être replacée dans la phrase complète : « En ces temps de crise, les entreprises du BTP sont heureuses de trouver du travail à Bezannes. » Mais c’est bien le cœur de la phrase qui livre l’essentiel du message. Son évidence est telle qu’il deviendrait suspect de ne pas le reconnaître, et le bonheur des entreprises ne peut donc éviter d’être confessé, en se parant toutefois des habits vertueux de la crise.

         C’est cette même force de l’évidence qui pousse le maire, tel le geai qui tente vainement de se parer des plumes du paon, à proférer cette contre-vérité en forme d’aveu : « La commune possédant encore la maîtrise de son plan local d’urbanisme, nous avons pu réaliser ces objectifs. » Cette  affirmation contredit les propos d’une journaliste de l’Union bien informée : « Il (comprenez le maire) accompagne bien les projets de l’Intercommunalité. » À défaut d’être maître, le maire de Bezannes, 2ème vice président de Reims métropole, est aussi en charge de l’enseignement supérieur. C’est ici à Beaumarchais que l’on pense, et au mot fameux de Figaro : « Il fallait un calculateur, c’est un danseur qui a eu [ la place]. » Cette promotion est la juste récompense due à un zélé magistrat… Faut-il y voir la confirmation de l’emprise croissante en France du monde des banques et de la finance sur l’enseignement supérieur, saluée dernièrement et comme encouragée par l’attribution du prix Nobel d’économie à Jean Tirole, principal acteur de cette évolution contestable autant que regrettable pour l’indépendance du savoir ? C’est à craindre.

 

         On se doute bien en tout cas que cette présentation idyllique de l’aménagement de la ZAC par Reims Métropole n’a qu’un lointain rapport avec la réalité des faits, car le bonheur du BTP se paie souvent au prix fort et entretient avec la transparence démocratique des rapports passablement distendus. C’est pourquoi il nous semble indispensable de rappeler quelques vérités dérangeantes, dont Bezannesleblog fera part à ses lecteurs dans une prochaine publication.

7 novembre 2014

LE SECTEUR DE BEZANNES PENDANT LA GRANDE GUERRE

           Les fouilles archéologiques réalisées à Bezannes et dans la région au cours de ces dix dernières années, dont Bezannesleblog s’est fait l’écho dans de précédentes publications, ont permis d’apporter des précisions sur le rôle exact joué pendant la Grande Guerre par notre commune, en raison de sa situation géographique particulière.

          Bezannes se trouve en effet au centre d’une vaste plaine s’etendant d’ouest en est de Fismes à Sillery, et du nord au sud de Reims aux premiers contreforts de la Montagne de Reims. La décision prise en 1911 par le Grand État Major de désarmer les forts, jugés obsolètes en raison de « progrès » survenus dans l’armement, a fait que cette plaine n’était plus défendue. Lors de la reprise de l’offensive française, Reims sera libérée le 14 septembre 1914 et le fort de la Pompelle repris aux Allemands le 24 de ce même mois, permettant la fixation définitive du front. Le secteur de Bezannes se trouve ainsi hors de portée de l’artillerie de forteresse allemande durant presque tout le conflit.

         Il en va tout autrement au début de l’année 1918, et un ingénieux système tactique est dressé tout autour de Bezannes, destiné à barrer l’accès de l’ennemi à la Montagne de Reims. En décembre 1917, Bezannes s’était retrouvé en effet à portée de l’artillerie de campagne allemande et de son aviation. Le secteur, considéré comme peu fiable, n’était pas défendu. C’est alors que le général Petit va jouer un rôle décisif dans la défense de la plaine de Bezannes. En prévision de l’abandon de Reims, des fortifications de campagne vont être édifiées entre la ville de Reims et la Montagne. À Bezannes, les parallèles face au nord et les boyaux face à l’ouest peuvent voir leur destination inversée, les boyaux devenant parallèles et les parallèles se muant en boyaux de communication. Dans le jargon des États majors, le secteur de Bezannes est considéré comme une « rotule » pouvant pivoter du nord à l’ouest et inversement, configuration souple capable de se révéler précieuse en cas de probable rupture du front entre le côté ouest de Reims et la Montagne. 

             Le nom donné aux réseaux de fortifications de campagne témoigne d’une cohérence toponymique évidente. Bezannes se trouvant au centre exact d’un triangle défini par le périmètre allant du Mont Saint-Pierre à Champfleury, en passant par Ormes, Les Mesneux et Villers-aux- Nœuds, puis au faubourg de Paris le long de la route d’Epernay, l’ensemble des linéaires parallèles à Reims et orientés du nord-est au sud-est constitue une déclinaison de noms de lieux débutant par la lettre B : ouvrage Brusseaux, parallèle Baltimore, tranchée du Bourbonnais, de Beauvais, de Bastia, de Bizerte, Bombay, Bilbao...

           Outre ces travaux de fortifications, les fouilles archéologiques ont révélé d’autres vestiges de la Grande Guerre, comme des fosses dépotoirs, des abris, des réserves d’obus. Plus d’une trentaine d’impacts d’obus ont été observés.

         Les faits les plus intéressants concernent quatre fosses contenant des restes d’équidés. L’une de ces fosses, au lieu-dit La Bergerie, a fait l’objet, en raison de son originalité, d’une fouille intégrale. Elle contenait un squelette complet d’équidé, inhumé sur son flanc gauche, la tête orientée vers l’ouest. Les mesures effectuées sur l’animal permettent de penser qu’il s’agit probablement d’un cheval de trait inhumé à la fin de la guerre, comme en témoigne le fil de fer barbelé attachant les quatre pattes. Ce cheval est ainsi, selon toute vraisemblance, l’un des 1 140 000 équidés de l’armée française tués lors du conflit mondial. 

       Le soin avec lequel il a été inhumé montre qu’il a échappé au sort couramment réservé aux chevaux morts, tel que le rapporte un artilleur réserviste : « Il faut l’enterrer, je creuse une fosse à côté, puis le cheval est culbuté, mutilé à la hache, crevé à la pioche et recouvert de terre. »

     De nombreux poilus de la Grande Guerre n’auront pas connu la fin réservée au vaillant cheval bezannais. 

6 août 2014

UN PEU DE FUTILITÉ SIED BIEN AUX MOIS D’ÉTÉ

          Avec la même constance touchante que mettent les marronniers à refleurir au printemps, les magazines féminins voient proliférer à l’approche des beaux jours les conseils de soins de beauté en tous genres destinés à garantir à la gent féminine cette plastique impeccable qui leur permettra d’exhiber à la plage une silhouette irréprochable.

         Ne doutons pas que c’est en suivant ces conseils que les troncs calcinés de Christian Lapie se sont offert un lifting chargé de réparer les outrages du temps qui les avaient précocement affectés, et affichent désormais sur le parvis de la gare TGV une prestance de starlettes.

 

tronc1

 

         Un précédent article de ce blog s’était légitimement interrogé sur la qualité des soins apportés par C. Lapie à la réalisation de ses statues. L’une des étapes les plus délicates de son travail était en effet censée être la patine huileuse dont il enduisait les troncs afin de leur garantir une quasi éternité. Mais l’éternité, c’est long, surtout vers la fin, comme le soulignait Alphonse Allais, ou bien Kafka, ou encore Robert Musil selon certains (et pas Woody Allen, comme on le prétend parfois – mais il est vrai qu’on ne prête qu’aux riches), et nos statues, dans leur impatience à l’atteindre, avaient en réalité entamé le règne de leur décrépitude … deux ans après leur installation !

         Leur dégénérescence par trop flagrante aura fini par convaincre leur créateur de leur accorder un lifting devenu incontournable. Parce qu’elles le valent bien ? Cette coquetterie n’améliore assurément en rien leur essence, mais au moins leur substance s’en trouve-t-elle préservée.

tronc2

 

 

           Quand la tyrannie des apparences s’empare ainsi d’une œuvre d’art, on peut s’interroger sur les motivations qui ont prévalu à sa conception. Il se pourrait bien que la prétention à l’éternité rime ici avec futilité, laquelle, admettons-le, n’épargnera pas l’auteur  de ce billet.  La nonchalance à laquelle invitent les beaux mois de l’été sera sa seule excuse.

15 juillet 2014

AU REVOIR !

 

départ eric le facteur 059 -1

                                                                           Le facteur accomplit son devoir viril chaque matin.

                                                                                 Jean Charles. La foire aux cancres.

  

         Éric, notre préposé au courrier, ne viendra donc plus chez nous accomplir chaque matin son devoir viril. Nous allons devoir nous résigner à ne plus voir sa silhouette familière et bon enfant surgir de son puissant et discret bolide jaune pour déposer dans nos boîtes à lettres ce courrier, attendu ou redouté, qui rythme nos existences avec la régularité rassurante du balancier d’une horloge.

         La réorganisation du métier de facteur, rendue sans doute nécessaire par la révolution informatique, mais réalisée sans beaucoup d’égards vis-à-vis du personnel, l’aura convaincu de prendre les devants en renonçant à la distribution du courrier pour lui préférer, sans enthousiasme excessif, un poste moins aléatoire de guichetier.

         Nous souhaitons bien sûr à Éric de réussir pleinement sa reconversion, mais ne pouvons cacher notre tristesse devant ce départ, qui va nous priver de sa présence souriante et chaleureuse, et c’est sans espoir que tous les Bezannais ont envie de le prier :

         « Allez, Éric, encore une tournée !... »

 

 

 

         Nous joignons à cet Au revoir une photo d’Éric prise lors d’une de ses dernières tournées, afin de prolonger un peu sa présence parmi nous, et le petit mot d’adieu qu’il a glissé dans nos boîtes aux lettres.

 

 

Capture d’écran 2014-07-15 à 07

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