L’ HYPOTHESE D’UN PARC

       Le parc aurait pu porter le nom d’un élu récompensé pour avoir marqué de son empreinte bénéfique la vie de notre village. La dédicace aurait ainsi rendu hommage pour la postérité à la politique urbanistique clairvoyante d'une personnalité qui, ayant su s’opposer courageusement aux pressions insistantes des promoteurs immobiliers dont l’horizon intellectuel semble à jamais borné par la recherche compulsive de la plus-value, aurait fait droit aux préoccupations légitimes de ses administrés bezannais soucieux de voir préservée un tant soit peu la qualité de leur environnement.

         Le projet d’un parc aquatique n’avait-il  pas d’ailleurs été envisagé, à l’occasion d’une énième révision de Plan d’Occupation des Sols (l’ancêtre de l’actuel Plan Local d’Urbanisme) ? N’avait-on pas promis – croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer – que la commune de Bezannes allait faire pièce aux velléités expansionnistes de sa trop gourmande voisine en aménageant entre les deux territoires une « ceinture verte », dont des croquis flatteurs avaient donné aux Bezannais un aperçu particulièrement séduisant ?                                             

      

         Taratata ! On n’avait rien compris ! On s’était bercé d’illusions ! Une récente mise au point parue dans un  « Flash Info Gazette » ne manqua pas d’ailleurs de rappeler à la réalité ceux dont l’imagination trop fertile avait échafaudé des scénarios trop verdoyants… Qu’on se le dise ! Le parc aquatique est un ouvrage technique ! Contraint de céder la place aux exigences des promoteurs, il se voit ainsi réduit à la portion congrue, ne concédant aux espaces verts que le strict minimum impacté par la technique. Le parc est devenu idéal, comme le paletot d’Arthur Rimbaud, condamné à n’exister que dans le monde abstrait des idées pures platoniciennes…

         Ainsi donc, c’est partout le même scénario désespérant qui s’écrit. Partout le béton impose sa loi et vient dévorer nos landes, à la façon des cellules cancéreuses proliférant dans un organisme malade

         Et pourtant, il suffisait de s'inspirer de ce qui a déjà été fait dans d’autres communes. Par exemple, la petite ville de Mont- de- Marsan  et son magnifique parc Jean Rameau, dont quelques photos viennent agrémenter cet article. Sa splendeur, que vient rehausser le flamboiement des couleurs automnales, ne fait qu’exacerber  l’amertume de notre déception : nous n’aurons rien de tel à Bezannes, rien qu’un pauvre ouvrage technique…avec un peu d’eau et quelques maigres plantations.

        L’impitoyable réalité des lotisseurs se sera substituée à l’hypothèse d’un parc…