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Bezannes-leblog
23 novembre 2012

« IL FAUT AN-TI-CI-PER, MONSIEUR LE MAIRE… »

  

  Cette fois, c’était sûr, il ne se laisserait pas faire !! Il s’était déjà fait rouler dans la farine par le sous-préfet qui l’avait longuement et aimablement reçu, mais dont  il n’avait absolument rien obtenu. Et pendant ce temps-là, le pôle intergénérationnel était en rade.

  Mais, là, au congrès des maires de la Marne à Chalons, il allait lui montrer, au préfet de quel bois il  se chauffait ; il allait le faire plier devant les 500 maires réunis : il l’aurait sa dérogation de ne pas procéder aux fouilles archéologiques qui freinaient son projet…ou alors, il aurait une subvention, pour financer les fouilles. ,ou , au pire, il l’aurait , sa promesse  que son dossier serait examiné avec bienveillance par les services de la préfecture: il pourrait alors imprimer une gazette spéciale, distribuée dans toute la commune , et même au-delà, dans laquelle il leur dirait ,à toutes les bezannaises et à tous les bezannais , et surtout à ceux qu’il appelait avec dédain et avec un mouvement de menton qui se voulait autoritaire et méprisant , ceux de « l’opposition » , qu’il gardait toujours la main sur les affaires importantes et que , lui, il savait faire avancer « la machine ».

 Surtout ne pas se tromper pensait-il, ce samedi matin, en se répétant à l’envie les chiffres qu’il allait leur claquer :

-        114 millions le cout de la ZAC : ça, c’était pour impressionner les maires des petites communes qui ont  du mal à boucler leur budget ;

-        2 millions, ça c’était le cout des fouilles archéologiques du pôle intergénérationnel, et c’était ces foutus 2 millions d’euros qui empêchaient le démarrage des travaux.

   

« Surtout ne pas intervertir les chiffres pendant mon intervention» pensait-il , sinon il deviendrait, à coup sûr, la risée des congressistes, «  et surtout, regarder le préfet dans les yeux  » quand il dirait  avec force « 2 millions d’euros » pour montrer que c’était cher ,et que c’était la faute de l’Etat, qui édicte toujours des lois stupides qui freinent ceux qui comme lui, veulent aller de l’avant et transformer son village endormi en  « quartier de la Défense  » ou en « Marne-la-Vallée bis».

  Ça y était, le président de l’Association des Maires de la Marne lui avait donné la parole et il ne s’était pas trompé dans les chiffres ; il était satisfait : son intervention avait été écoutée. Il pensait même qu’elle était réussie, et il tendait l’oreille pour savoir ce qu’il allait obtenir :

 « Sur le coût, (répondit le préfet, qui était resté de marbre en l’écoutant) nous pouvons en discuter avec la DRAC et l’INRAP, mais sur les délais, la Marne est bien placée. Un seul mot : il faut an-ti-ci-per ».  


Il n’avait pas du tout prévu cette réponse, qui faisait que non seulement, il n’avait rien obtenu, mais en plus, le préfet venait de lui dire, devant tous ses collègues qu’il n’avait pas fait son boulot de maire. Il sentit le monde se dérober sous ses pieds. « Il faut an-ti-ci-per.. . », « il faut an-ti-ci-per… », se répétait- t – il. Mais, pour le pôle intergénérationnel, c’est beaucoup trop tard !

                               

 Caramba ! Encore raté ! Le sous-préfet, c’était rapé ! Le préfet, c’était foutu ! Le Ministre ??? Il y avait peu d’espoir de le rencontrer rapidement : pourvu que BLB ne soit pas au courant de ces avatars !

Trop tard, c’est fait : à croire que eux, ils  savent anticiper, à BLB !

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