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Bezannes-leblog
6 août 2014

UN PEU DE FUTILITÉ SIED BIEN AUX MOIS D’ÉTÉ

          Avec la même constance touchante que mettent les marronniers à refleurir au printemps, les magazines féminins voient proliférer à l’approche des beaux jours les conseils de soins de beauté en tous genres destinés à garantir à la gent féminine cette plastique impeccable qui leur permettra d’exhiber à la plage une silhouette irréprochable.

         Ne doutons pas que c’est en suivant ces conseils que les troncs calcinés de Christian Lapie se sont offert un lifting chargé de réparer les outrages du temps qui les avaient précocement affectés, et affichent désormais sur le parvis de la gare TGV une prestance de starlettes.

 

tronc1

 

         Un précédent article de ce blog s’était légitimement interrogé sur la qualité des soins apportés par C. Lapie à la réalisation de ses statues. L’une des étapes les plus délicates de son travail était en effet censée être la patine huileuse dont il enduisait les troncs afin de leur garantir une quasi éternité. Mais l’éternité, c’est long, surtout vers la fin, comme le soulignait Alphonse Allais, ou bien Kafka, ou encore Robert Musil selon certains (et pas Woody Allen, comme on le prétend parfois – mais il est vrai qu’on ne prête qu’aux riches), et nos statues, dans leur impatience à l’atteindre, avaient en réalité entamé le règne de leur décrépitude … deux ans après leur installation !

         Leur dégénérescence par trop flagrante aura fini par convaincre leur créateur de leur accorder un lifting devenu incontournable. Parce qu’elles le valent bien ? Cette coquetterie n’améliore assurément en rien leur essence, mais au moins leur substance s’en trouve-t-elle préservée.

tronc2

 

 

           Quand la tyrannie des apparences s’empare ainsi d’une œuvre d’art, on peut s’interroger sur les motivations qui ont prévalu à sa conception. Il se pourrait bien que la prétention à l’éternité rime ici avec futilité, laquelle, admettons-le, n’épargnera pas l’auteur  de ce billet.  La nonchalance à laquelle invitent les beaux mois de l’été sera sa seule excuse.

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