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Bezannes-leblog
25 mars 2015

MIROIR AUX ALOUETTES

                

 

         L’alliance de mots, plus souvent désignée sous son appellation savante d’oxymore, est une figure de style qui consiste à rapprocher, dans un paradoxe apparent, deux termes dont les significations s’excluent ordinairement l’une l’autre, comme dans l’expression devenue un lieu commun : « un silence assourdissant ». L’exemple littéraire le plus célèbre est sans doute le vers tiré du Cid de Corneille : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles (…) IV,3.

         Cette figure de style n’a de véritable intérêt que lorsque sa nouveauté surprend le lecteur et l’invite à la réflexion, mais elle dégénère assez souvent en cliché et en stéréotype du genre « petit par la taille, mais grand par l’esprit ». Les fils de pub, fort immodestement autoproclamés « créatifs », usent et abusent de ce procédé qu’on voit se dégrader en cessant de chercher à exprimer l’indicible pour préférer faire prendre au consommateur des vessies pour des lanternes. De « La douce violence d’un parfum d’hommes » de chez Laroche à « La petite géante » de chez Volkswagen, les exemples sont légion de cette mentalité boutiquière, véritable miroir aux alouettes dont les fleurs de la rhétorique ne servent plus qu’ une ambition consumériste appuyée sur un discours manipulateur .

         On ne s’étonnera pas de retrouver cette tendance chez ceux qui tentent de nous vendre la ZAC de Bezannes en recourant à cette pratique dégénérée de l’oxymore. C’est ainsi que l’on eut le parc « technico-aquatique » de la Roselière, audacieux compromis entre les nécessités de l’évacuation des eaux pluviales et les loisirs de la promenade bucolique, vite menacé par la voracité des lotisseurs. L’on eut aussi, dans la pure logique de la rhétorique mensongère du « capitalisme à visage humain », un golf « social », sans doute ainsi dénommé parce que réservé aux résidents des HLM…

        

         Et voici que l’empire Bouygues, se souvenant sans doute du conseil que l’humoriste Alphonse Allais prodiguait aux promoteurs de la fin du XIXème siècle :  « Les villes devraient être bâties à la campagne, l’air y est tellement plus pur. », nous propose « L’esprit village en cœur de ville », au cœur du village, afin d’allécher les gogos en leur faisant miroiter des produits parés des oripeaux de la campagne. Cette proposition idyllique appelle un double démenti:

- Non, les 170 ha de terres agricoles livrées par les élus à la boulimie des sociétés immobilières n’ont strictement rien à voir avec l’esprit village qu’ils contribuent au contraire à détruire.

- Non, ces 170 ha ne sont pas le cœur du village, en dépit des touchantes, mais dérisoires tentatives du maire pour faire coïncider le présent avec la préhistoire, mais une excroissance parasitaire qui dénature le village historique de Bezannes.

         Si les alouettes ont déserté le ciel bezannais, le miroir du même nom semble promis à un brillant avenir…

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