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Bezannes-leblog
28 janvier 2013

DES STELES POUR LE MAIRE

 

                                                                                                              Qu’est-ce que l’art ? Prostitution.

                                                                                                                       Baudelaire, Fusées.

 

 

            S’il est une ambition que l’on ne saurait reprocher au premier magistrat de Bezannes, c’est bien celle d’une certaine constance – oserons-nous dire d’une certaine cohérence ? – dans sa conception de l’urbanisation de notre village : elle se traduit par la démesure mise en œuvre tant dans le bétonnage forcené du territoire de la commune que dans l’implantation d’œuvres d’art guettées par le gigantisme.

         C’est ainsi qu’une nouvelle réalisation artistique, après le toutou aurélien, les troncs de Ch. Lapie et l’éphémère Pied rouge de D. Potisek, vient de faire son apparition près de la nouvelle mairie et confirmer une tendance lourde au monumentalisme kitsch.

 

 

         Ce nouvel objet, dernier avatar de la boule de neige et du coucou suisse, se présente sous la forme de six stèles, espèces d’alignements de « menhirs » électrifiés-  on n’arrête pas le progrès !… - dont les sommets colorisés figurent le drapeau national ! Art officiel, donc, teinté de franchouillardise et de patrouillotisme du meilleur aloi, et qui n’est pas sans rappeler une autre propension de notre édile, celle de la manipulation des esprits, qui se manifeste tantôt à travers l’édition d’une feuille chargée de communiquer la bonne parole officielle, « Flash Info Gazette », tantôt en offrant à l’admiration des habitants les sous-produits d’une culture liée à la société de consommation. L’association de mécénat Prisme, qui finança les troncs du parvis de la gare, ne cache pas sa volonté, en subventionnant des œuvres d’art monumentales, de « redorer le blason des entreprises dans un contexte économique particulièrement défavorable ». La société Eurovia, responsable de l’installation des « menhirs », ne parlerait sans doute pas autrement.  On ne saurait mieux confesser son intention de faire servir l’art à une ambition consumériste…

         Les noces troubles de l’art et de la propagande ne sont assurément pas nouvelles ; elles ont laissé dans l’histoire des œuvres parfois éblouissantes (le château de Versailles du roi soleil…), plus souvent consternantes (le projet Germania d’Albert Speer). Nous laisserons au lecteur le soin de choisir la catégorie où il convient de ranger les « menhirs » bezannais.

         Par-delà les légitimes interrogations que suscite la qualité esthétique de la chose, les stèles tricolores nous interpellent également sur la question du mélange des genres quelque peu préoccupant que constitue l’intervention de la sphère privée dans la sphère publique. Y avait-il urgence à dépenser de l’argent - quelle que soit la provenance du financement - pour un machin à l’esthétique douteuse, quand d’autres projets plus utiles manquent cruellement de moyens? On nous permettra de douter de l’opportunité du choix du clinquant publicitaire opéré par la politique municipale.

 

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