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Bezannes-leblog
7 novembre 2014

LE SECTEUR DE BEZANNES PENDANT LA GRANDE GUERRE

           Les fouilles archéologiques réalisées à Bezannes et dans la région au cours de ces dix dernières années, dont Bezannesleblog s’est fait l’écho dans de précédentes publications, ont permis d’apporter des précisions sur le rôle exact joué pendant la Grande Guerre par notre commune, en raison de sa situation géographique particulière.

          Bezannes se trouve en effet au centre d’une vaste plaine s’etendant d’ouest en est de Fismes à Sillery, et du nord au sud de Reims aux premiers contreforts de la Montagne de Reims. La décision prise en 1911 par le Grand État Major de désarmer les forts, jugés obsolètes en raison de « progrès » survenus dans l’armement, a fait que cette plaine n’était plus défendue. Lors de la reprise de l’offensive française, Reims sera libérée le 14 septembre 1914 et le fort de la Pompelle repris aux Allemands le 24 de ce même mois, permettant la fixation définitive du front. Le secteur de Bezannes se trouve ainsi hors de portée de l’artillerie de forteresse allemande durant presque tout le conflit.

         Il en va tout autrement au début de l’année 1918, et un ingénieux système tactique est dressé tout autour de Bezannes, destiné à barrer l’accès de l’ennemi à la Montagne de Reims. En décembre 1917, Bezannes s’était retrouvé en effet à portée de l’artillerie de campagne allemande et de son aviation. Le secteur, considéré comme peu fiable, n’était pas défendu. C’est alors que le général Petit va jouer un rôle décisif dans la défense de la plaine de Bezannes. En prévision de l’abandon de Reims, des fortifications de campagne vont être édifiées entre la ville de Reims et la Montagne. À Bezannes, les parallèles face au nord et les boyaux face à l’ouest peuvent voir leur destination inversée, les boyaux devenant parallèles et les parallèles se muant en boyaux de communication. Dans le jargon des États majors, le secteur de Bezannes est considéré comme une « rotule » pouvant pivoter du nord à l’ouest et inversement, configuration souple capable de se révéler précieuse en cas de probable rupture du front entre le côté ouest de Reims et la Montagne. 

             Le nom donné aux réseaux de fortifications de campagne témoigne d’une cohérence toponymique évidente. Bezannes se trouvant au centre exact d’un triangle défini par le périmètre allant du Mont Saint-Pierre à Champfleury, en passant par Ormes, Les Mesneux et Villers-aux- Nœuds, puis au faubourg de Paris le long de la route d’Epernay, l’ensemble des linéaires parallèles à Reims et orientés du nord-est au sud-est constitue une déclinaison de noms de lieux débutant par la lettre B : ouvrage Brusseaux, parallèle Baltimore, tranchée du Bourbonnais, de Beauvais, de Bastia, de Bizerte, Bombay, Bilbao...

           Outre ces travaux de fortifications, les fouilles archéologiques ont révélé d’autres vestiges de la Grande Guerre, comme des fosses dépotoirs, des abris, des réserves d’obus. Plus d’une trentaine d’impacts d’obus ont été observés.

         Les faits les plus intéressants concernent quatre fosses contenant des restes d’équidés. L’une de ces fosses, au lieu-dit La Bergerie, a fait l’objet, en raison de son originalité, d’une fouille intégrale. Elle contenait un squelette complet d’équidé, inhumé sur son flanc gauche, la tête orientée vers l’ouest. Les mesures effectuées sur l’animal permettent de penser qu’il s’agit probablement d’un cheval de trait inhumé à la fin de la guerre, comme en témoigne le fil de fer barbelé attachant les quatre pattes. Ce cheval est ainsi, selon toute vraisemblance, l’un des 1 140 000 équidés de l’armée française tués lors du conflit mondial. 

       Le soin avec lequel il a été inhumé montre qu’il a échappé au sort couramment réservé aux chevaux morts, tel que le rapporte un artilleur réserviste : « Il faut l’enterrer, je creuse une fosse à côté, puis le cheval est culbuté, mutilé à la hache, crevé à la pioche et recouvert de terre. »

     De nombreux poilus de la Grande Guerre n’auront pas connu la fin réservée au vaillant cheval bezannais. 

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